VAUGNERAY - GÉNÉRALITÉS

1. LES ORIGINES
Il y a 140 000 ans les Monts du Lyonnais étaient cernés par des glaciers ; pour preuve : « le gros caillou » symbole de la Croix Rousse poussé par ces glaciers depuis les Alpes jusque sur les hauteurs de Lyon.
Dans cet îlot émergeant des glaces, la vie humaine, la faune et la flore se sont développées.
Dès la préhistoire des humains ont vécu sur notre commune. Des outils en silex ont été retrouvés au Soupat, des dents de parure de colliers et massues en pierre polie à la Milonière, une hache en pierre polie au Recret.
Pendant l’Empire Romain, des kilomètres d’aqueducs ont été édifiés sur les hauteurs.
A l’âge du bronze a été construit le chemin de la Fausse, en direction du Châtelard.
De nombreux vestiges retrouvés font partie de collections privées. Des mégalithes et des cupules* sont encore visibles de nos jours.
2. LES PARLERS SUCCESSIFS RECONNUS DANS NOS REGIONS
1. En 1600 av. J.-C. : aucune langue parlée n’est identifiée. Les linguistes parlent de racines "pré-indo-européennes".
2. Du 15ème siècle au 6ème siècle av. J.-C. : on utilise un langage avec une racine « pré-celtique » des populations ibères* et ligures*.
3. Du 6ème siècle à 52 av. J.-C. : utilisation de mots celtiques due à la présence des celtes.
4. De 52 av. J.-C. à + 476 : la langue utilisée est le latin : conquête de la Gaule par les romains.
5. De 476 à 800 : le langage burgonde est utilisé (une langue à racine germanique).
6. De 800 à 1453 : le langage oral issu du "latin médiéval » est la langue romane ; et pour notre région le "francoprovençal".
7. De 1453 à 1789 : le francoprovençal est qualifié de "patois" ou de "moyen français".
8. De 1789 à 1950 : le "français moderne" remplace le francoprovençal.
9. Depuis 1950 : le français contemporain s'est imposé.
3. LES PARTICULARITES DE NOTRE REGION
Des noms de nature donnant des noms de lieux
VAUGNERAY
Les Ayats : de l’ancien français hayas (haie) ; ayat est synonyme d’ubac. L’ubac du francoprovencal opacus (obscur, sombre) désigne les versants d’une vallée de montagne qui bénéficient de la plus courte exposition au soleil, à l’opposé de l’adret qui est le versant le plus exposé au soleil.
Les Bottières ou Botières : lieu situé au-dessus du hameau du Barthélémy ; lieu marécageux (où l’on embotte, c’est-à-dire : pris dans la boue). Le SIDESOL (Syndicat intercommunal de distribution d'eau du Sud-Ouest Lyonnais) exploitait 10 sources aux Bottières. Elles alimentent une partie de Vaugneray. C’est probablement une zone de captage pour l’aqueduc de l’Yzeron construit avant notre ère.
Le Vernay est situé sous les Bottières. De la toponymie : vernaie. Une vernaie est plantée de vernes (ou vergnes), aussi appelée aune (ou aulne). L’aulne, dont les fleurs sont nommées chatons, est un arbre poussant sur les sols humides, aux bords des eaux (sources des Bottières). L’aulne et le bouleau sont de proches cousins.
Chantemerle est situé près de l’Yzeron : nom provenant peut-être des chants d’oiseaux.
Les Alouettes lieu situé sur la D489 (route d’Yzeron). Une alouette est la partie de la souche de vigne qui est retranchée quand elle est morte. (cf.: voir termes sur la vigne).
Lieux commençant par Font / Gouttes : lieux où se trouve une source.
Chemin de Font Ruche situé aux Aiguillons serait le chemin de la source des abeilles.
Le Ruchet situé sous le col de Malval a pour origine le mot ruche. C’était aussi le surnom des apiculteurs. Dans ce lieu, il y a la présence d’acacias dont est extrait le fameux miel. Le Ruchet est appelé également la Berlandine. La famille Berland aurait donné son nom au hameau.
Les Pillonières : lieu situé sous le Soupat a peut-être une origine locale, en effet les pillotes sont de jeunes poules ou bien des petites poules pour les ruraux de l’ouest lyonnais.
Les Saignes lieu situé sous Chatanay est un terrain marécageux (du gaulois : sagna) ; (du français régional sagne) : signifie tourbière. Lieu où poussent les mousses de marais dont la sphaigne.
Et encore … les genêts, nombreux sur les terrains de l’ouest de Vaugneray, ils servaient à faire des balais.
Et toujours … la vigne (voir texte sur « la vigne à Vaugneray »).
SAINT LAURENT DE VAUX
Bois de Fays (ou Faix) se trouve sur un chemin entre St Laurent-de-Vaux et Châteauvieux. Ce lieu planté de hêtres (du latin Fagus), appelé aussi Fayard ou bien Fay est apparenté en francoprovençal à un bois de hêtres. Son bois est utilisé en menuiserie. Le fruit du hêtre est la faîne (voir pupitre).
Le Cholly : Cholay, Chollière signifie : lieu planté de choux
Les Flaches (du latin Flaccus) Lieu situé sur la coursière en direction de l’Yzeron, vers le chemin des Gouttes entre les Adrets et les Grandes Terres (rive droite de l’Yzeron) signifie : mou ; un terrain dont le sol est mouvant, couvert de laîches* qu’on utilise comme litière. Cette espèce de roseau des marécages servait aussi d’aliment au bétail.
Goutte Laïs : ruisseau de laissus (variante de lassus) : dans le sens de « là-haut », un ruisseau venant de plus haut.
Lais : est un terme d’eaux et forêts donné aux baliveaux (jeunes arbres) que l’on laisse lors de la coupe des taillis afin qu’ils croissent en haute futaie.
La Pommeraie : située au bord de l’Yzeron en amont de Planche-Billée (ou Planche-Billet).
Taconan : situé dans la vallée de l’Yzeron, viendrait du mot « Taconnet » le pas de l’âne (du latin Tussilago farfara). Le Tussilage est une plante vivace pouvant atteindre 20 cm, à fleurs jaunes dont les feuilles ressemblent à une empreinte de sabot, d’où son nom.
Virière : dérivé de Vaire (en latin : vierro : friche en jachère) ou de Vère (du gaulois wabero : forêt inculte), ou peut-être par la présence d’une verrerie ; il existait en 1511 le territoire des Verrières de Vaux.
Les noms de lieux-dits (présents ou disparus) en lien possible avec la vigne
- Alouette : (tête d’alouette, en orléanais) est la partie de la souche de vigne qui doit être retranchée quand elle est morte.
- Babaude (Babaudière, lieu-dit disparu) est un maillet de bois utilisé pour fendre le bois, faire des lattes et des douvelles (parois des tonneaux).
- Barje (Barjonnière en Moselle) est une hachette qui sert à tailler le marc sur le pressoir.
- Bellon : en Normandie, est un grand cuvier du pressoir à cidre. Le Bollon est un chariot pour transporter une cuve destinée à recevoir des raisins coupés.
- Berlandieri (Berlandine) est une espèce de vigne américaine introduite en France à la fin du 19e siècle, qui résisterait au phylloxéra et à la chlorose.
- Bormates (la Bormeteri) : en Saône-et-Loire. L’aristoloche clématite est une plante qui infeste les vignobles.
- Truel : est un pressoir en langue occitane (Brosse Truel, lieu-dit disparu).
- Chambon : à Gannat (Allier) : terre très légère et médiocre réservée à la vigne (Chambon Varelles, lieu-dit disparu).
- Chany (Chaninel - Chaninas) : le « chany noir » de Brioude est un cépage très vivace et très rustique des versants élevés et des terrains maigres. Le « chany gris » quant à lui est un cépage ancien de la Drôme, Auvergne et Dauphiné.
- Chaponnières : rangées de ceps où s’alignent les chapons, les boutures, en Beaujolais.
- Charbonnière : cuveau servant à transporter la vendange, de 40 à 100 litres suivant les régions.
- Charpi (Charpinatière, lieu-dit disparu) : billot de tonnelier est un support en bois dont on se sert pour dégauchir le merrain (bois fendu en planche), pour tailler les douves (paroi des tonneaux).
- Charpiney (Charpinatière) : en Basse-Auvergne au 18e siècle, est un cépage noir planté dans les terrains humides donnant du mauvais vin, appelé le « meunier ».
- Chautagnard (Chautana) est un vin rouge d’assemblage de pinot, gamay et mondeuse, du nom de Chautagne en Savoie
- Colombier : édifice pour les pigeons. Mais c’est aussi un des noms du colombard, un cépage blanc.
- Le Got : en Anjou est un trou en terre, spécialement creusé pour planter la vigne.
- La Goyette est une petite faucille servant à rogner les extrémités des pampres (branches de la vigne avec ses feuilles et ses grappes) lors de la taille de l’été.
- Pinatel (Pinatière) : au 18e siècle est un cépage noir commun de l’Auvergne qui produisait un mauvais vin.
- Plat (Au Plat) : (Saintonge en Charente-Maritime) est une vigne qui n’a pas reçu le premier labour de l’année.
- Trouillée (Roche Trouille) est une masse de vendange que l’on mène au pressoir.
- Le vignier : est le vigneron
- Ville : au 16e siècle, vrille de la vigne.
4. L’HABITAT à VAUGNERAY
Vaugneray, chef-lieu de canton du même nom, est située sur le versant Est des Monts du Lyonnais.
Son territoire caractérisé par un relief accidenté, ponctué par des monts et des cols, des plaines et des bois, est sillonné par deux vallées principales, celle du Dronau et celle de l’Yzeron. Son point le plus bas est à 280 m aux Aiguillons et à 791 m à la Berlandine pour son point culminant.
Le sol constitué de gneiss granulitique* avec des affleurements de vaugnerite (granit à amphiboles) est caractérisé par la présence de mica noir.
Son vaste territoire (25 km2), largement façonné par l’agriculture, comporte une centaine de hameaux, mais le nombre de lieux habités est encore plus grand et pourrait atteindre les 400.
L’habitat rural présente un grand intérêt lié à plusieurs facteurs :
- son ancienneté due à la majorité des maisons des 17ème – 18ème siècles ; beaucoup sont plus anciennes, leurs implantations remontent au moyen âge (Cugnieux, la Vaure, la Chana),
- son authenticité, bien que modernisées certaines maisons ont gardé toutes leurs caractéristiques originelles,
- sa variété est due non pas dans les matériaux ni dans les plans, mais dans le détail des façades et des portails. Les murs sont en gneiss granulitique, non enduits, avec en alternance de gros et petits moellons, surélevés et en pisé. Les encadrements des portes et fenêtres sont en pierre et en bois. Les toits sont à deux pans, couverts de tuiles rondes.
5. LA FAMILLE VALENTIN - GÉNÉALOGIE
Les premiers Valentin apparaissent en 1445 aux Aiguillons à Vaugneray.
En 1628, Louis Valentin acquiert le domaine d’Escullon (Aiguillons) à Vaugneray avec ses moulins sur l’Yzeron et un plus tard, il acquiert la tuilerie.
En 1632, il achète la « grand maison Valentin du bourg ».
En 1638 la nièce du Cardinal de Richelieu fut faite duchesse d’Aiguillon par Louis XIII.
Cette famille a donné de grands personnages à la France.

Le blason du chevalier Jean Valentin d’Esguillon avec les armes et croix de Chevalier de l’Ordre de St Michel et du St Esprit représente les distinctions les plus élevées du Royaume.
Le blason de Vaugneray en est issu
Généalogie des Valentin
Jean Valentin, bourgeois de Lyon et marchand à Vaugneray. Il épouse en 1587 Françoise Allard. Ils auront huit enfants : Louis (1589), Hélène, Catherine (1601), Catherine (1603), prénom non signalé, Jeanne (1607), Louise (1609), et Antoinette (1611).
- Louis (1589 – 1674) : acquiert en 1628 le domaine d’Escullon à Vaugneray (nommé duché d’Aiguillon par Louis XIII en 1638) avec ses moulins sur l’Yzeron, et en 1632 « la grand’maison Valentin » située au bourg. De plus, de 1652 à 1660 Louis Valentin porte le titre de Docteur en Droit, Avocat au Parlement de Paris.
Il se marie à Lyon le 15 octobre 1616 avec Françoise Bleternas. Ils auront cinq enfants dont Jean, né en 1626, le cinquième de la fratrie.
- Jean (1626 – 1680) : sera prêtre et docteur en théologie. Il devient propriétaire du domaine des Eguillons en 1670. Il y construit une chapelle en 1678. A sa mort (en 1680 à St Just), son neveu Louis Valentin en hérite, puis son autre neveu Jean, puis les enfants de ce dernier dont Jean-Baptiste.
- Jean Baptiste : Docteur en Droit, Avocat au Parlement de Paris, Conseiller du Roi et Lieutenant, épouse en 1653 Isabeau Chevalier, fille de Jean, Avocat es-cour de Lyon.
De leur mariage sont issus douze enfants :
1) Louis (1654 - 1709) Docteur à la Faculté de Paris (1678) et Chanoine de St Just.
2) Jean Valentin d’Esguillon (né en 1655) : achète au sieur Jean Desprez la charge d’huissier unique des ordres du Roi en 1683. Il est nommé par le souverain « Grand Maître ». Il prête serment et reçoit la croix des ordres des mains du Chancelier, qu’il porta pendant 22 ans. 17 cérémonies de réception des chevaliers l’ont obligé à passer de longues périodes à Paris.
Durant ces cérémonies de réception, il se pare d’un grand manteau de satin noir, avec le mantelet vert, l’un et l’autre bordés d’une frange et semés de flammes brodées en or.
En considération de ses services, et de ceux rendus par ses frères, il reçut en 1713 des Lettres de confirmation de noblesse.
3) Maurice (1656 - 1703), Sieur de la Motte à Vaugneray et lieutenant de la Vieille Marine (1684), capitaine du Régiment Royal d’Infanterie (1688), capitaine des Grenadiers du Régiment d’Infanterie de Beaurepaire (1695), capitaine du Régiment de Charolais, décède après 22 ans de service, couvert de blessures.
4) Paul (1658) écuyer au service de sa Majesté (1677), cadet dans le Régiment Royal, blessé, fut fait prisonnier entre Landau et Pélican (1678) puis libéré. Il est nommé capitaine du Régiment de Champagne en 1694, puis capitaine du Régiment de Bourbon (1717). De son union avec Louise Bodat en 1690 naîtront quatre enfants : Louis (1687), Louise (1689), Jean Charles (1690) et Etienette (1691).
5) Jean Baptiste (1659)
6) Mathieu (1661 - 1731) entre au service de sa Majesté en 1684, il est reçu dans la compagnie des Gentilshommes de Besançon en 1685, lieutenant au Régiment d’Infanterie d’Orléans en 1686, capitaine au Régiment du Roi (1688) il est blessé au Piémont et décède à Vaugneray.
7) Hugues (1662) entre au service de sa Majesté en 1687 dans la compagnie de Belfort, sous-Lieutenant en 1689, lieutenant en 1694, capitaine de régiment de Picardie en 1695, capitaine de régiment de Lorraine en 1703.
8) Jean Claude (1663)
9) Jean Charles (1665)
10) Elisabeth (1667)
11) Marie- Marguerite (1669)
12) Catherine (1671)
- Marie Madeleine de Vignerot, nièce du Cardinal de Richelieu, fut faite Duchesse d’Aiguillon par Louis XIII en 1638. Elle fit testament en faveur de sa nièce Marie-Thérèse de Vignerot.
- Le duché fut ensuite passé à Louis Armand de Vignerot son neveu, fils de Jean Baptiste Amador, Marquis de Richelieu, qui fut donc institué héritier du duché d’Aiguillon. Armand Louis, son fils, fut nommé Duc et Pair d’Aiguillon en 1731. Il épousa en 1718 Anne Charlotte de Cruffol-Charensac. Il décéda en 1750.
- Emmanuel Armand (1720), son fils unique, Comte d’Agenois, Colonel du régiment de Brie, Duc d’Agenois en 1740, Maréchal de Camp en 1748, fut nommé Duc d’Aiguillon en 1750.
Enfant il admirait la prestance de Jean Valentin. Il franchira rapidement tous les échelons de la hiérarchie : Colonel du Régiment de Brie, puis Maréchal de Camp en 1748.
Le blason du Chevalier Jean Valentin d’Esguillon figurait sur le mur de façade du château et sur le mur de façade de la grand’maison Valentin de Vaugneray ; les armes et la croix de Chevalier de l’Ordre de St Michel et la croix de l’Ordre du St Esprit représentent, à cette époque-là, les distinctions les plus élevées du Royaume.
En 1756 il créera pour chaque paroisse une compagnie de gardes et améliorera le réseau routier.
- Barthélémy Cazot achète le domaine des « Esguillons » le 14 mai 1768.
ANECDOTE
Dans son livre « Le Conte des Aiguillons », Marius Pardin relate l’existence d’un fabuleux trésor, qu’Emmanuel Armand, duc d’Aiguillons, aurait caché au pied d’un grand chêne au cours de ses promenades dans la forêt des Monts….