STOP N° 12
LA CHASSE

Particularité en 2023 : un lynx a été aperçu par plusieurs chasseurs
« Un lynx a été observé à Vaugneray (Rhône), près de Lyon, samedi 7 janvier 2023 par plusieurs chasseurs. Il s’agit d’une première depuis de nombreuses années dans le secteur. Des pièges photographiques ont été installés pour tenter d’identifier l’individu et suivre ses déplacements ».

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Avant 1960 les chasseurs chassaient uniquement pour satisfaire leurs besoins en nourriture. Aujourd’hui, c’est davantage un plaisir, un sport. Elle est bien souvent une passion et une opportunité pour passer une belle matinée entre copains.


Entretiens avec Daniel PERRET & Michel PONCHON

 

  • PREAMBULE

Extrait de : « Souvenirs de jeunesse » de Georges LAVAL
« Le premier dimanche de septembre était pour nous le meilleur car c’était l’ouverture de la chasse et pour moi, c’était le plus important.
Toute la semaine avant, si le temps était sec, on fixait le ciel pour savoir s’il n’arrivait pas quelques nuages pour amener un peu d’eau pour rafraîchir la terre afin que le pied soit meilleur pour les chiens pour traquer le gibier qui abondait en ce temps-là. Et si le tireur n’était pas trop maladroit, il était bien rare qu’il rentre bredouille le soir, tandis que maintenant, ce n’est pas toujours le cas.
Pendant cette semaine, c’était un peu la fièvre car le mardi au marché, nous achetions tout ce qu’il fallait pour la fabrication des cartouches, car nous n’avions pas bien confiance dans les munitions que l’on trouvait dans le commerce. J’ai le souvenir d’être en admiration devant mon père quand il préparait et pesait religieusement la poudre et le plomb pour les garnir, pour faire mouche le dimanche matin dès sept heures…. Cela faisait un apport de viande appréciable. »

 
Extrait du journal « Le Progrès » du 10 Octobre 2020 par Jean-Philippe CAVAILLEZ

« Il est 7 heures à peine. Sur les hauteurs de Vaugneray, à l’orée d’un bois encore trempé par les trombes d’eau de vendredi, le clan se retrouve dans les premières lueurs du jour. Baguettes, comté, saucisson, etc…posés sur le capot de la Suzuki, les Perret ne manqueraient pour rien au monde leur rendez-vous dominical : la chasse au lièvre en famille. « On ne se souvient même plus depuis quand on fait ça. En tout cas, ça remonte », sourit Daniel, le doyen, 79 ans et 64 permis de chasse derrière lui. Trois générations de Perret attendent 8 heures pour démarrer et lâcher les huit chiens d’arrêt, braques, korthals, springers, qui s’impatientent… »


  • LA CHASSE
La chasse est régie par le « code de la chasse », soit à un niveau départemental, soit à un niveau national.
 
Pour avoir le droit de chasser, le chasseur doit satisfaire à 3 conditions : avoir 16 ans, un permis et une carte de chasse (départementale ou nationale).
 
Les chasseurs doivent toujours avoir sur eux non seulement ces documents, mais également les documents d’autorisations du nombre de gros gibiers (pour lesquels l’administration vend des bracelets). Le nombre et le prix varient selon l’espèce et selon le site.

 
1. L’AGE DE 15-16 ANS
Dès ses 15 ans un jeune peut, s’il le souhaite (pour découvrir la chasse avant ses 16 ans) suivre « un parrain » avant d’obtenir ce permis (obligatoire à 16 ans).
 
C’est aussi la possibilité, pour des chasseurs adultes, de faire découvrir la chasse. Il faut simplement avoir suivi au préalable une formation pratique élémentaire, obligatoire, auprès d’une Fédération Départementale de Chasseurs.
 
La chasse accompagnée s’effectue, avec une arme pour 2 (qui est l’arme du parrain). Cette arme peut être un fusil, une carabine ou un arc.
 
Un parrain accompagnateur doit détenir un permis depuis plus de 5 ans. Il peut avoir plusieurs filleuls. Il devra obligatoirement suivre une formation adaptée à sa responsabilité d’accompagnateur (dont le programme est fixé par l’arrêté du 25 juin 2020). Cette formation est valable 10 ans. Elle est diligentée par la Fédération Départementale des Chasseurs. Il devra également souscrire une assurance spécifique pour couvrir la responsabilité civile du chasseur accompagné.
 
 
2. PERMIS DE CHASSER

Dès l’âge de 16 ans, le jeune chasseur est tenu de suivre un apprentissage dans un centre agréé. Pour Vaugneray, ce centre se situe à Saint-Andéol-le-Château près de Mornant. A l’issue de cet apprentissage, une carte lui est délivrée lui permettant de suivre un parrain. C’est le parrain accompagnateur qui tient le fusil, le jeune est suiveur ou accompagné.
 
Le permis lui est remis après l’apprentissage du « code de la chasse » qui est un examen théorique sous forme de QCM. Cet examen peut être passé à n’importe quel moment de l’année. En 2021, sur 369 inscrits à l’examen, 270 sont reçus.
 
Le permis de chasser ainsi validé, ne signifie pas que tout est permis. Il convient en effet de respecter les arrêtés préfectoraux qui prescrivent la liste des gibiers chassables, leurs dates, leurs modes de chasse etc. Ces arrêtés sont consultables sur le site de l’ONCFS (Office national de la chasse et de la faune sauvage).

Il faut également rappeler que tous les gibiers ne sont pas chassables. Certains d’entre eux, considérés comme nuisibles ne peuvent être chassés qu’avec un permis et selon des prescriptions préfectorales. Tirer sur du gibier ou sur des animaux sauvages non chassables est doublement condamnable ; non seulement on risque une forte amende s’ils sont protégés ou utiles, mais plus encore, tuer des prédateurs naturels comme les faucons, les buses, les milans, les renards, les lynx, entrainent des conséquences néfastes sur l’écosystème.
 
 
3. CARTE DE CHASSE
Elle donne l’autorisation de chasser sur un certain territoire. Celui-ci peut être communal ou privé. Cette carte est toujours payante.
 
Lorsque les chasses sont communales, elles sont régies sous la forme juridique d’association loi de 1901 avec un bureau composé d’un président, trésorier et secrétaire, ainsi que des adhérents. Au sein d’un village, elles sont régies sous le statut de ACCA (Association Communale de Chasse Agréée) encadrée par le Code de l’Environnement. Au sein de la commune, dans une démarche responsable et durable, cette association a pour but d’assurer la bonne gestion de la chasse, tant au niveau du territoire que des espèces,
 
Le prix de la carte de chasse à Vaugneray pour l’année 2023 s’élevait à 180 €/l’année.
 
4. LE MATERIEL
La sécurité est renforcée depuis 4 ans.
Pour le gibier à plumes (comme le faisan par exemple), on chasse avec un fusil à 2 ou 3 cartouches ; pour le gros gibier on chasse à la carabine avec des balles.
ATTENTION : le coup peut aller jusqu’à 5 km plus loin et les balles peuvent ricocher.

Les miradors permettent des tirs plongeants.
 
  • LES DIFFERENTES CHASSES
La chasse est contingentée pour la sauvegarde des espèces :
  • chasse « au petit » : lièvres, lapins, faisans, pigeons, grives.
  • chasse « au gros » : sangliers, chevreuils, cerfs.
 
1. LA CHASSE "AU PETIT"
Pour la chasse au lapin de garenne et au lièvre, la chasse se pratique ou en équipe ou restreinte, alors que pour la chasse aux oiseaux, le chasseur peut être seul.
A Vaugneray, la chasse « au petit gibier » est autorisée du 20 septembre au 1er dimanche de janvier.
Quelques chasses en France, suivant le département, sont autorisées du 1er dimanche de juillet au dernier WE de février, soit 8 mois.
S’ils n’ont pas tiré le matin, les chasseurs ont la possibilité, uniquement pour le petit gibier, d’y retourner les après-midis des mercredis et dimanches.
 
Les lapins de garenne :
Il y a quelques années, il n’y avait quasiment plus de lapins à Vaugneray. Deux maladies virales les ont attaqués :
 
  • La myxomatose qui les rend aveugles. Elle est transmise par les piqûres de moustiques et de puces ou par contact direct avec un lapin infecté. En 1970 elle tua tous les lapins.
  • La maladie hémorragique VHD (Viral Haemorrhagic Disease), apparue en France dans les années 1980. Elle peut tuer un lapin ou un lièvre en une heure. Ce virus fait partie de la famille des Calicivirus et du germe Lagovirus. Très contagieuse, elle se transmet directement par les déjections, l’urine, les poils, etc. ou indirectement par des animaux déjà porteurs du virus, ou encore par des aliments infectés. Elle est présente dans tous les pays par le biais d’exportations de lapins.
Ces maladies ne sont pas transmissibles à l’homme.

Les lièvres :  
Les lièvres ont pratiquement disparu. On a chassé trop longtemps le lièvre (7 à 10 lièvres/chasseur étaient autorisés auparavant). Aujourd’hui seul 1 lièvre/chasseur est autorisé et n’est possible que durant les 4 premières journées de l’ouverture de la chasse. Pour exemple : en 2021, 52 lièvres ont été tués pour 102 chasseurs à Vaugneray.µ

Les faisans :
Il y a quelques années, on pouvait voir une famille entière de faisans sauvages se promener dans la nature. Aujourd’hui ce sont des faisans issus d’élevage, que l’on achète et introduit, dans la nature.

Les perdrix :
Les perdrix disparaissent à cause d’un grand nombre de prédateurs.
 

2. LA CHASSE "AU GROS"
La chasse au gros se fait toujours, par arrêté préfectoral, en battue, en forêt ou en champ et/ou sur les plantations de jeunes arbres. Elle se déroule toujours en équipe.
Les battues au chevreuil se font toujours les 2 WE qui précèdent l’ouverture de la chasse et selon les dégâts occasionnés par ces animaux.
 
Déroulement d’une journée de battue :
Arrivée des chasseurs avant 8h00, en salle du Lavoir (pour les battues) ou à la cabane (pour le sanglier). La cabane dans les bois est le lieu de rendez-vous des chasseurs.
Les chasseurs prennent ensemble un casse-croûte pour bien commencer la journée. Ils démarrent la chasse à 8 h 30 ; retour à la cabane vers 12 h 15, pour une collation.

Avant même de commencer la battue :
  • Le responsable rappelle les consignes de sécurité.
  • Un panneau indiquant « chasse en cours » est installé à chaque extrémité de chaque ligne
  • Et on sort les chiens.
 
C’est le meneur appelé « traqueur » qui mène les chiens et les pousse vers les lignes. Il n’a pas de fusil.
Chaque chasseur a une corne de chasse.
Un coup de corne et c’est le début de la chasse !
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ATTENTION : afin de ne pas se mettre en danger, il est interdit de quitter son poste de tir avant la fin de la battue, même pour vérifier une balle !
 
La battue au sanglier
En France c'est principalement le gros gibier qui est chassé en battue. C'est un mode de chasse qui permet à tous de participer dans les zones où les prélèvements autorisés sont généralement inférieurs au nombre de chasseurs. Le but est de trouver (sur une certaine zone) le gibier à chasser et de le repousser vers les lignes des chasseurs postés.
Avant la chasse, un chasseur suit les traces de l’animal. Il « fait le pied ». Une fois la zone identifiée un maillage est créé par un des chasseurs.
Ce maillage est composé. A chaque ligne est nommé un chef d’équipe.
 

Déroulement d’une battue au chevreuil :

  • Deux personnes du bureau sont responsables de ladite battue :
  • Le rendez-vous a lieu à 7 h 30 à la salle du Lavoir. Les responsables notent les inscriptions. En général il y a 35 chasseurs.

 
On procède à ce moment-là au tirage au sort pour allouer à chacun sa ligne et son emplacement sur cette ligne. Les chasseurs sont répartis en 2 groupes :
1.  Les traqueurs (souvent accompagnés de leurs chiens)
2.  Les postés
 
Avant 1975, sur notre territoire il y avait beaucoup de petits gibiers, peu de gros gibier. Le premier chevreuil a été vu sur nos terres au cours du mois de janvier 1963 sous le col de Malval par un éleveur de visons.
 


  • TRACABILITÉ DU GIBIER

Pour la régulation du gibier des « bracelets » sont attribués à la société de chasse, selon la santé démographique des espèces. Le conseil départemental vote tous les 6 ans un nouveau schéma redéfinissant certains règlements. Par exemple, s’il y a une surpopulation de sangliers, des bracelets dits « sanglier indifférent » sont attribués de manière à tirer tous sexes et poids confondus. Ils sont payants par la société de chasse. Le prix varie selon la zone de prélèvement.
 
Avant tout transport, les animaux prélevés doivent être équipés de ce bracelet qui comporte un code assurant la traçabilité de l'espèce. Le chasseur ne peut prélever que ce qu’il a le droit de prélever suivant le bracelet qui a été vendu à la société de chasse. Le chasseur doit cocher sur ce bracelet la date de la prise sitôt la bête tuée.

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A Vaugneray, pour l’année 2022, 29 bracelets ont été délivrés, donc les chasseurs avaient le droit de tirer 29 chevreuils.
 
Quelques critères pour les reconnaître : 
  • Lorsqu’il y a 3 bêtes (c’est toujours la mère et 2 petits) :
  • Eviter de tuer les mères
  • Le mâle a des cornes
  • Les femelles sont plus grosses
 
La chasse peut également être pratiquée dans les forêts domaniales, dans ce cadre-là, les chasseurs n’achètent pas de carte de chasse, mais prennent des parts dans une société de chasse. Selon la part qu’ils prennent, ils pourront chasser plus ou moins longtemps dans l’année.
Une part de chasse correspond à 15 week-end de chasse. Mais on peut acheter ½ part (6 WE) ou ¾ part (12 WE).
 
Il existe également des parcs privés :
Une journée type dans un parc se déroule de la façon suivante :
  • 8 heures : Petit déjeuner pour bien commencer la journée ! 
  • 8 heures 30 : Début de la chasse
  • 12 heures : Déjeuner
  • 18 heures : Fin de cette belle journée avec le dépouillement des bêtes et la distribution de la venaison...
Le gibier tué peut être partagé entre les chasseurs, soit gratuitement, soit moyennant finance.
Dans de très grandes chasses domaniales, le gibier est revendu à des grossistes. Si le chasseur en veut, il doit racheter le gibier qu’il vient de tuer.