LA RUE DE BELLEVUE
Cette rue étroite protégée des regards indiscrets par un mur épais en pierres rejointoyées, la borde de part et d’autre. Son chapeau arrondi laisse l’eau de pluie s’écouler librement de part et d’autre du mur de façon équivalente, et ainsi évite le gel l’hiver.
La propriété située au-dessus marque son originalité par sa toiture avec ses tuiles « écailles » qui sont une caractéristique de la région de Bourgogne et que l’on retrouve ici dans les couleurs chaudes vertes et anthracite.
«LA GLORIETTE»
La gloriette de la propriété Vialatoux est l'un des trésors que nous pouvons admirer aujourd'hui.
La famille Vialatoux, l'appelait "le pavillon". C'est le terme d'architecture qui désigne un petit bâtiment, ou cabinet de verdure, ou kiosque, dans un parc ou un jardin. Ce qui est le cas ici, puisque nous nous nous trouvons dans le parc de l'ancienne propriété Terrasse, dont Jeanne Audibert, épouse du philosophe Joseph Vialatoux, en a été l’héritière par sa mère.
Les allées étaient plantées de beaux buis finement taillés, de deux à trois mètres de hauteur.
Un réservoir récupérant les eaux de pluie des toits était installé un peu plus haut dans la propriété, amenant l'eau jusqu'à la gloriette par un jet chantant en cascade. Cet ouvrage de rochers reconstitués a probablement été construit par des ouvriers en attente de leur mobilisation. A la fin du XIXème siècle, des "vendeurs d'hommes" faisaient commerce d'êtres humains qui, en échange d'une somme, allaient faire le service militaire à la place des jeunes hommes de familles fortunées. Ces hommes, en attente d'être appelés, étaient "utilisés" en tant qu'ouvriers. Cette activité, qui surprend aujourd'hui, était tout à fait légale à cette époque.
JOSEPH et JEANNE VIALATOUX
Joseph Vialatoux est né le 2 juillet 1880 à Grezieu la Varenne où son père est notaire.
Jeanne Audibert est née le 9 novembre 1882 à Saint-Laurent-de-Chamousset, son père était également notaire, et maire de ce village.
Joseph et Jeanne s’unissent par le mariage le 14 décembre 1905. Joseph étant encore étudiant, ils s'installent dans la maison familiale des Vialatoux à Grézieu-la-Varenne.
JOSEPH VIALATOUX
Joseph entreprend des études de lettres et de philosopie. Après un stage d’une année à l’office notariale de son père, au grand étonnement de sa famille, il décide de ne pas poursuivre son travail à l’office notariale et préfère se consacrer à l’étude du catholicisme et aux mouvements sociaux.
La première grande guerre 1914/1918 éclate, Joseph est appelé sous les drapeaux. Jeanne avec ses trois enfants (le quatrième décédé enfant), préfère rejoindre sa mère Antoinette (Perrier de son nom de jeune-fille) à Vaugneray, qui elle-même, vivait déjà avec sa propre mère Catherine (du nom de jeune fille Terrasse). Dans cette maison, vivaient donc, la grand-mère, la mère, la fille Jeanne et ses trois enfants.
Lorsque Joseph est démobilisé, ils décident de rester dans cette maison familiale de Jeanne, rue de Bellevue. Ils ont un autre enfant. Des travaux d’agrandissement sont entrepris afin que toute la famille puisse y vivre à l'aise.
Durant de nombreuses années Joseph enseigne la philosophie à l’institut des Chartreux et aux facultés catholiques de Lyon. Il écrit de nombreux ouvrages, dont : « le discours et l’intuition », « la morale de Kant », « Pour lire Platon ». Il écrivit également des traités sociologiques, notamment « Signification humaine du travail », « la répression et la torture », « la personne féminine ». Il faisait partie du Comité de patronage à l’initiation philosophique aux Presses Universitaires de France. L’œuvre qu’il laisse est considérable.
Joseph Vialatoux Avec son Petit-fils Albert
Il travaille et échange avec de nombreux philosophes sur différents sujets : la laïcité, le travail, le syndicalisme. Il estimait que l’adhésion à la CFTC (Confédération Française des Travailleurs Chrétiens) était une nécessité pour les enseignants de l’enseignement chrétien, d’une part pour ne pas rester à l’écart de l’ensemble des travailleurs, et d’autre part, pour leur permettait d’être indépendants, à l’inverse du syndicat professionnel. Avec Jean Baumgartner, ils créent le Syndicat de l’enseignement libre du second degré et technique de la région académique de Lyon, affilié à la CFTC (dont il fut vice-président jusqu’en 1951, puis président d’honneur).
Dès le mois de juin 1940, avec un groupe d’intellectuels lyonnais, inquiets de la dégradation de la vie politique française, de l’attitude de certains mouvements d’extrême-droite et de la monté en puissance des totalitarismes sur le plan international, il opte pour la position du Général de Gaulle : il oppose un refus net et définitif au national-socialisme considérant que toute idée de collaboration est une trahison, non seulement vis-à-vis de la patrie, mais avant tout à l’égard de la foi chrétienne. Il déplore d’ailleurs l’attitude d’une partie de la hiérarchie catholique qu’il accuse d’être soumise au régime de Vichy. Il regrettera toujours que l’Eglise catholique de France ait manqué là, l’occasion de prendre devant l’Histoire une notable dimension.
Joseph et Jeanne Vialatoux font tous les possibles durant ces années noires de l’histoire de la France.
Alors que la milice avait installé son quartier général dans la belle villa Bocuse (stop n° 11 – Le Chardonnet) à quelques pas de leur maison, Joseph et Jeanne accueillent chez eux un, autrichien anti-nazi, une famille juive* polonaise, des résistants. Leur maison devient alors un refuge. Les enfants des réfugiés qui habitaient chez eux allaient à l'école avec leurs propres enfants, sans que ceux-ci sachent qu'ils étaient juifs. Par crainte de représailles, personne ne devait savoir qui étaient ces gens. Certains d'entre eux sont restés en contact avec Jeanne longtemps après la fin de la guerre.
Durant cette même période, Jeanne a amené auprès de la famille Combes au Vernay, le petit "Charles" âgé de six ans pour échapper à la déportation dans les camps nazis. Il y est resté deux ans. (Voir le panneau dans la cour de la Médiathèque avec QR CODE "Témoignage vidéo de Pierre Bonnet").
A la demande de Charles Lastmann auprès de l’organisation israélienne à Jérusalem Yad Vachem, Irénée et Noémie Combe, ainsi que leur fille Berthe (épouse Ponchon) ont reçu la médaille de « Justes parmi les Nations ».
Voir ci-dessous un extrait du discours de Charles Lastmann le jour de sa visite à Vaugneray, pour annoncer la remise de la médaille à Lyon quelques mois après, adressé aux personnes concernées ainsi qu’à Albert Vialatoux, maire de Vaugneray à ce moment-là, mais également petit-fils de Joseph et Jeanne et fils de Paul.
Joseph tout au long de sa vie s’intéressa aux problèmes de la société, puisqu’il prit publiquement position contre la pratique de la torture en Algérie et publia un ouvrage sur la question.
Il prit également position sur les événements nombreux qui traversèrent l’Eglise à l’époque : prêtres ouvriers, condamnation des théologiens « suspects », tels que le père de Lubac. Joseph Vialatoux resta ainsi jusqu’à la fin de sa vie un intellectuel chrétien engagé dans son siècle.
Avec son épouse Jeanne, ils aidèrent leurs contemporains à ne point désespérer.
JEANNE AUDIBERT, ÉPOUSE VIALATOUX
Quant à Jeanne, son épouse, elle soutient et participe avec son mari Joseph à toutes ses entreprises.
Jeanne Audibert organisait, à son domicile, des ouvroirs (travaux de couture et/ou de tricot) faits par des dames bénévolement pour les soldats, se chargeait de l'envoi des colis de vêtements et de victuailles pour les soldats au front.
Elle transcrit à la machine à écrire mécanique les textes écrits manuellement par son époux Joseph. Elle-même écrivit quelques ouvrages, dont ci-dessous un extrait d’un voyage de Vaugneray à Saint Symphorien d’Ozon :
« Nous nous embarquions à midi dans le petit break, attelé d’un cheval, qui faisait le service du bourg de Vaugneray à la gare de la Maison-Blanche. Les billets une fois pris et tamponnés, et les bagages pesés et enregistrés, nous nous introduisions dans les longs wagons de la Compagnie F.O.L., dont la fumeuse locomotive nous conduisait d’abord jusqu’à la gare du Tupinier, qu’on appelait « La Bifur ». Là, bagages et voyageurs étaient transbordés dans le train venant de Mornant qui, sans plus de changements, mais après bien des arrêts, atteignait le terminus de St. Just, où gens et malles étaient déversés dans la vieille « ficelle », pour descendre cahin-caha jusqu’à St. Jean.
Les voyageurs y devançaient les bagages, moins agiles. Le moment où ils se rejoignaient marquait la fin de la première étape. La seconde commençait de l’autre côté du Rhône, vers quatre heures de l’après-midi. Pour traverser les deux fleuves et obtenir de la malle la même traversée, il fallait dénicher un factotum armé d’une charrette à bras, ou bien aller quérir, à Bellecour, une voiture de place, revenir avec elle à St. Jean pour la charger, puis, après avoir passer la Saône pour la troisième fois, gravir la rude montée du pont de la Guillotière, au-delà duquel s’ouvrait l’avenue du Dauphiné.
Nous voilà sur le large trottoir du cours Gambetta, à hauteur de la vieille diligence à deux chevaux, qui, deux fois par semaine, venait le matin de Marennes à Lyon, et rentrait, le soir, de Lyon à Marennes…. »
Jeanne vers les années 1930 prit en main la bibliothèque paroissiale dans un local place du Marché. C’est Joseph qui remettait en état les livres (reliures, jaquettes…). Les enfants, le dimanche après la messe, passaient à la bibliothèque emprunter des livres pour leur lecture hebdomadaire. La bibliothèque fonctionna plusieurs années.
Joseph mourut à Vaugneray le 2 mars 1970 et Jeanne, le 15 septembre 1978.
Voir « le jardin de philosophie » créé en l’honneur de Joseph au centre bourg du village.
DISCOURS DE CHARLES LASTMANN À VAUGNERAY
« C’est toujours avec beaucoup d’émotion que je quitte la route qui vient de Lyon pour monter à Vaugneray. Beaucoup d’images de personnes et de choses, depuis longtemps disparues, me viennent alors à l’esprit.
Il y a 54 ans, la France était occupée par les troupes du 3ème Reich, et la chasse aux résistants et aux juifs battait son plein. Je sortais du camp de Rivesaltes où j’étais interné depuis un an.
Mes parents ne savaient que faire pour me protéger et me mettre à l’abri des arrestations et de la déportation.
Aujourd’hui encore, j’ignore comment mes parents sont entrés en contact avec Madame Vialatoux, votre grand’mère Monsieur le Maire, qui en plus de ses activités de résistante, s’occupait au péril de sa vie à sauver des enfants juifs.
C’est Madame Vialatoux qui m’a placé au Vernay. Le Vernay est une ferme qui était exploitée à l’époque par Monsieur et Madame Combe, aujourd’hui décédés, et leur fille Berthe, au jourd’hui Mme Ponchon, ici présente. Pierre Bonnet, ici présent, travaillait dans cette exploitation.
J’ai été accueilli comme une personne de la famille. Tous ont montré à mon égard affection et gentillesse, ce qui, pour le gamin perturbé que j’étais à l’époque, était d’un grand réconfort. D’ailleurs, pour moi, ils resteront toujours « le pépé et la mémée Combe, ma tantan Berthe et Pierrot ».
Ils ont risqué leur vie sans rien demander en retour, car si la milice ou les allemands avaient appris qu’ils hébergeaient un petit juif, ils auraient probablement été déportés ou fusillés.
En France, les deux tiers de la population juive a survécu à la guerre, grâce à une majorité de braves gens pour qui le droit de vivre d’un être humain est indépendant de sa couleur, de sa religion et de ses opinions, et je ne l’ai pas oublié !
Je voudrais que ces faits anciens puissent servir aux jeunes générations pour leur indiquer la direction à suivre, dans une époque où certains français sont nostalgiques des idéaux de Vichy et veulent réécrire l’histoire en niant le passé.
Je voudrais que la France reste fidèle aux principes des droits de l’homme qui l’ont si souvent inspirée.
Une autre partie de la France minoritaire celle-là, écoutait la propagande de Vichy et des allemands qui a permis la déportation et la mise à mort de 75 000 juifs environ, dont mon père déporté de Drancy par le convoi n° 73 du 15 mai 1944, disparut en Lithuanie.
Ma grand-mère est décédée dans le camp de Rivesaltes, ce camps à l’époque était sous surveillance des gardes mobiles français.
Je pense également à ma tante, oncle et mes cousins Bekier, âgés respectivement de 11 ans et 3 ans, déportés de Paris et gazés à Auswitch. Ils avaient été dénoncés par leur concierge.
Je voudrais encore remercier Berthe Ponchon, Pierre Bonnet, Jean Collomb, tous les trois ici présents pour tout ce qu’ils ont fait et leur dire que si je suis en vie aujourd’hui, c’est grâce à eux !
Je voudrais également saluer Marcel Girard, qui était « mon cousin » à l’époque, Albert Combe à cette époque était prisonnier en Allemagne ; je me souviens, lorsqu’à la ferme on lui préparait ses colis.
Merci encore à tous, et bonne année 1997 et rendez-vous le 19 avril 1997 à 17 heures au centre d’histoire de la résistance et de la déportation, avenue Berthelot à Lyon, pour la remise de la médaille de « Juste parmi les Nations » la plus haute distinction israélienne après la médaille militaire à Madame Berthe Ponchon.
Charles Lastmann - octobre 1996 »
*Les juifs sont des personnes ayant pour croyance la religion hébraïque Les bases de cette religion sont les évènements relatés dans le premier testament de la bible. Depuis la Génèse, c’est-à-dire depuis la création du monde, jusqu’avant la naissance de Jésus Christ annonçant le Nouveau Testament de la bible. Ce peuple originaire de Palestine utilise le calendrier lunaire hébraïque – voir ci-dessous.
CALENDRIERS DU MONDE :
Plusieurs calendriers existent de par le monde : par ordre chronologique, nous trouvons le calendrier hébraïque le plus ancien, puis le calendrier chinois suivi du calendrier grégorien et enfin le calendrier islamique.
En France, et partout dans le monde c’est le calendrier grégorien qui est couramment utilisé. Le calendrier grégorien est un calendrier basé sur le cycle solaire, commençant le lundi et terminant le dimanche, jour du Seigneur. Il a été conçu, à la demande du pape Grégoire XIII à la fin du XVIème siècle en remplacement du calendrier Julien alors en usage. Pour des raisons de praticité, c’est le calendrier grégorien qui est utilisé au quotidien partout dans le monde
LE CALENDRIER HEBRAIQUE :
C’est un calendrier basé sur les cycles de la lune. La semaine commence le dimanche et se termine le samedi, jour du chabbat. L’an 1 du calendrier grégorien que nous utilisons, correspond à l’an -3761 avant Jésus Christ. De ce fait l’an 2021 de notre ère correspond à l’an 5781 du calendrier hébraïque. Mais ce calendrier n’est utilisé que pour le calcul des dates des fêtes religieuses juives.
LE CALENDRIER CHINOIS :
Les chinois utilisent pour leur croyance un calendrier basé sur les cycles du soleil et de la lune. Les périodes sont les saisons. Il fut créé en -2697 avant Jésus Christ (du calendrier grégorien) par l’Empereur Huang Di. Mais depuis 1912 les chinois utilisent par convention le calendrier grégorien, sauf pour le calcul des fêtes religieuses où c’est le calendrier chinois qui est utilisé. La correspondance avec l’an 2021 grégorien est pour le calendrier chinois l’an 4718.
Chaque année chinoise d’un cycle lunaire de 12 mois est représentée par un animal. Selon la légende, lors du Nouvel An chinois, le premier Empereur appela les animaux à un étrange rendez-vous et ils arrivaient dans l’ordre suivant : le Rat, le Buffle, le Tigre, le Lapin, le Dragon, le Serpent, le Cheval, la Chèvre, le Singe, le Coq, le Chien et le Cochon. L’Empereur a ainsi offert une année qui porterait les noms de chacun de ces animaux en fonction de l’ordre de leur arrivée.
Ces douze animaux sont les douze signes du zodiaque chinois. Et contrairement aux signes de zodiaque occidental, toutes les personnes nées durant une même année chinoise ont donc le même signe du zodiaque chinois.
LE CALENDRIER ISLAMIQUE :
Est un calendrier également lunaire. Les musulmans du monde entier l’utilisent pour la célébration des fêtes religieuses. Ce calendrier islamique appelé aussi calendrier hégirien débute en 622 (après la naissance de Jésus Christ, soit l’an 622 du calendrier grégorien). Le jour hebdomadaire de repos et de prières pour les musulmans est le vendredi. La correspondance avec l’an 2021 grégorien est pour le calendrier hégirien l’an 1443.