STOP N° 14
LE CHÂTEAU DE BÉNÉVENT

  • LE CHÂTEAU :

Jean Valentin, notaire royal à Vaugneray, acheta en 1516 le domaine et la grange à François Genevès, notaire public à Lyon.  « C'est une grange d'environ vingt pas de longueur et douze pieds de hauteur, couverte de tuiles, avec un tinailler[1] et un petit cellier mesurant ensemble dix pas de longueur, sur dix à douze pieds de hauteur, le tout de plain-pied, avec une cour entourée de murailles. »
 
Étienne Valentin en a hérité et s'y retire en 1564, année de la peste ; il fait transformer cette grange en une confortable "maison forte" ; les travaux furent exécutés entre 1564 et 1580.
 
Le portail d'entrée est surmonté d'un grand arc surbaissé, dont les montants sont percés de deux rangées d'archères canonnières. On retrouve ces archères canonnières en plusieurs endroits : sur le mur, et à côté de la porte d'entrée de l'escalier, cette dernière ayant la particularité d'être pivotante.
 
Cet ensemble est situé en bordure immédiate du Chemin de Bénévent, avec un corps de logis rectangulaire, haut d'un étage et sans comble. Dans l'angle Nord-Est, se dresse, en avancée sur le chemin, la tour ronde couverte d'un toit conique aplati en tuiles "canal" ; dans le mur protégé d'un enduit, une petite meurtrière comporte une pierre gravée : 1575. L'escalier à vis est surmonté d'une tourelle ronde dominant la toiture d'un étage de guette[2] ; il est éclairé par des fenestrons à moulures creuses, et défendu par une bretèche[3] de brique supportée par trois consoles en pierre.
 
En 1682, la cour était close de très hautes murailles crénelées ; mais hélas, il n’en reste aucune trace.
 
À l’intérieur la cuisine a conservé sa cheminée d’angle, avec une plaque sur laquelle on peut voir « Jupiter brandissant la foudre ». Il y a aussi un four à pain, avec, en-dessous, un four à pâtisserie rectangulaire, à deux vantaux. Le décor intérieur du château semble dater du milieu du 19ème siècle : panneau de papier panoramique, cheminée en marbre blanc ornée d'appliques en bronze, murs peints d'un semis de blasons des Perrin (d'argent au cerf de gueules rampant contre un arbre terrassé de sinople), plafond à la française orné de rinceaux peints entre les solives, parquet marqueté, médaillons présentant des ruines antiques et des paysages…
Plusieurs travaux d'agrandissement successifs, dans la première moitié du 19ème siècle, puis au siècle suivant, ont complètement modifié l'apparence de ce château.

  • LA CHAPELLE DE BÉNÉVENT

Étienne Valentin fit construire une chapelle dans la cour. Jean Valentin la fit démolir, car elle menaçait ruine, pour la faire réédifier dans un endroit plus commode et décent.
 
L'archevêque de Lyon donna son autorisation, sous condition qu'elle demeurât sujette et soumise à perpétuité à sa visite et sa juridiction. Elle était située dans une des tours du château, en bordure du chemin… et a servi de débarras au fermier… On peut y voir sa fenêtre cintrée et son bénitier mural. Au 18ème siècle, l'archevêque interdit les oratoires domestiques.
 
En 1738, les châtelains, prétextant un torrent rendant impraticable le chemin pour se rendre à l'église de Vaugneray, obtinrent de l'archevêque que les prêtres viennent y célébrer la messe, à condition de s'être présenté au curé de la paroisse.
 
Cette chapelle a été remplacée au 19ème siècle par une autre, aménagée dans une orangerie existant déjà en 1790. Les deux murs aux pignons nord et sud présentent chacun une niche aux armes des Perrin et des Montdor. À l'extérieur, la clef de voûte armoriée de l'ancienne chapelle Valentin a été scellée contre le mur.

[1] tinaillier : lieu où sont les cuves.
[2] guette : architecture militaire du Moyen-âge, tourelle située sur un donjon, ou la plus haute tour d'un château.
[3] bretèche : pièce de fortification permettant de jeter des projectiles, devenu au XVème siècle, un balcon en bois.